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Une médaille de bronze historique qui défie toutes les statistiques ?

Dernière mise à jour : 9 avr. 2024

Passer de la 7e à la 3e place en finale, c'est la folle remontée des françaises, comment ont-elles fait?


Le 4 octobre 2023 aux Championnats du Monde à Anvers en Belgique, l'équipe de France de Gymnastique artistique féminine remporte le bronze lors de la finale équipe avec 164.064 (retenez bien ce chiffre, nous y reviendront très vite) . Une médaille qui a une saveur toute particulière, il s'agit de la première par équipe depuis 1950.


Pourtant nous étions loin d'imaginer que cette médaille serait possible. Deux jours plus tôt, avec 160,930 points au compteur, les gymnastes de l'équipe de France, Mélanie de Jesus dos Santos, Marine Boyer, Lorette Charpy, Coline Devillard, Lorette Charpy, Morgane Osyssek-Reimer & Djenna Laroui qualifient la France pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.


L'équipe de France célèbre après sa qualification aux Jeux olympiques.

En finissant à la 7e place elles parviennent également à se qualifier en finale équipe de justesse. Leur rotation avait bien commencé avec le saut, agrès fort de l'équipe. Malheureusement de nombreuses erreurs aux deux derniers agrès en poutre et sol leur ont fait perdre beaucoup de points.


Résultats des qualifications par équipe. Résultats des qualifications par équipe - Source - Balance Beam Situation

Défier les prédictions


Au vue des résultats des qualifications, 3 équipes phares qui comptabilisent les totaux les plus élevés pouvaient prétendre au podium à savoir la Grande-Bretagne, la Chine et le Brésil. Les États-Unis restant intouchables avec 171,395 points avec pour tête d'affiche la grande Simone Biles.


Avec un total de 160,930 points aux qualifications, soit près de 5 points de moins par rapport aux chinoises qualifiées à la 3e place avec (165,663 points) les françaises ne partaient donc pas favorites pour monter sur le podium. Il faut également rappeler qu'elles ne disposent pas des plus hautes difficultés aux agrès par rapport à des équipes comme le Brésil, la Chine ou la Grande Bretagne, elles ne peuvent compter que sur leur régularité exemplaire là où d'autres pays peuvent se permettre des écarts.


La compétition commence avec une belle rotation au sol. Mélanie de Jesus dos Santos réalise un joli sol, Marine Boyer corrige ses erreurs des qualifications pour offrir 39,633 points à la France au sol, une amélioration de près d'un point par rapport aux qualifications. (38,733).


Mais il faut se rappeler qu'en gymnastique tout est possible, une chute est vite arrivée et cela peut remettre en cause tout le classement (une chute entraîne un point de déduction automatique).


La compétition se poursuit avec une superbe rotation au saut (41,966 points), Mélanie de Jesus dos Santos pile son saut et offre un précieux 14,400 à l'équipe accompagnée par Coline Devillard qui réalise un très joli Rudi (14,300). Les françaises réalisent une très belle belle rotation au sol (39,633) (meilleure qu'aux qualifications (38.733) ce qui leur permet d'atteindre la 3e place provisoire après la deuxième rotation. Là encore rien n'est joué, la France finit en poutre là où les meilleures nations finissent au sol, ce qui leur apporte généralement des notes très élèves.



Pendant ce temps, les nations concurrentes réalisent des erreurs. La chinoise Zhang Qingying chute en poutre, leur agrès fort ce qui leur fait perdre de précieux points : 41,732 contre 42.666 aux qualifications. Leur rotation aux barres est aussi parsemée d'erreurs.


Les anglaises qui partaient également favorites pour monter sur le podium (qualifiées deuxième avec 166,130 points) comptabilisent beaucoup de chutes. Jessica Gadirova chute au saut sur son Cheng (saut de grande difficulté 5.6 D), Georgia-Mae Fenton chute en barres et poutre ce qui fragilise l'équipe.

En finale équipe, 3 gymnastes passent pour 3 notes qui comptent. Les chutes sont donc impardonnables.

Elles sont 6e provisoires après la 3e rotation, il ne leur sera pas possible de rattraper leur retard.



La France se maintien à la 3e place provisoire après la 3e rotation, mais le classement reste très serré, tout est encore possible. Pour espérer garder leur place il leur faut réaliser des poutres solides.

La poutre est sûrement l'agrès le plus risqué, il faut garder son équilibre tout du long, une chute est vite arrivée.


Le miracle s'est exaucé, les françaises réalisent des mouvements au plus proche de la perfection. Mélanie est la dernière gymnaste à passer, avec une sortie pilée elle enregistre une note de 14,000 pour un total de 41,066 en poutre contre (39,166 aux qualifications). Cela sera suffisant pour décrocher la médaille de bronze.



Comme vous le verrez sur ce graphique, les variations de points entre la finale et les qualifications sont significatives et ont fait toute la différence.

La Grande Bretagne réalise compétition bien en dessous de leurs qualifications. À l'inverse, La France comptabilise 3,134 points de plus face au total enregistré aux qualifications. Une très belle compétition.


Une remontada historique après des statistiques décevantes.


Remontada est un mot espagnol signifiant « remontée », « retour » ou « come-back ».


Pourquoi utiliser ce mot? Simplement car les françaises ont sû rectifier leurs erreurs des qualifications et réaliser une compétition au plus proche de la perfection. L'histoire nous apprend qu'elles ont réalisé le contraire par le passé (les souvenirs sont encore douloureux) mais il est intéressant de s'y replonger.


Aux derniers Championnats du Monde, les françaises ont eu le mérite de de qualifier en finale au plus proche du podium, jusqu'à espérer pouvoir monter sur les marches. Une pression qui peut déstabiliser.



Aux championnats du monde de Stuttgart en 2019, les françaises se qualifient à la 4e place avec 166,713 points. Malheureusement, deux chutes en barres de Claire Pontlevoy et une chute en poutre de Mélanie de Jesus dos Santos les feront descendre à la 5e place en finale équipe avec 163,628 points.

Avec des si on referait le monde, mais on ne peut s'empêcher de penser que :

  • Si les françaises n'avaient enregistré que 2 chutes au lieu des 3, elles auraient obtenu la médaille de bronze.

  • Mieux encore, si elles avaient réalisé une meilleure compétition qu'aux qualifications, elles auraient obtenu l'argent (La Russie ayant obtenu l'argent avec 166,529 points.


Aux Championnats du Monde 2021 à Liverpool l'histoire se répète encore une fois. Les françaises se qualifient 7e avec 161,428 points, à priori assez loin du podium.


Cependant, en final équipe, les Canadiennes ont remporté la médaille de Bronze avec 160,563 points. Il en fallait peut pour que la France monte sur cette troisième marche.


Les françaises n'ont pas su répéter leur performance des qualifications. Deux chutes en poutre de Carolann Heduit et Mélanie de Jesus dos Santos, une chute au sol pour Aline Friess et une grosse erreur aux barres pour Mélanie de Jesus dos Santos leur auront coûté de très précieux points.


Elles finiront malheureusement à la huitième et dernière place avec 155,863 points. Une différence de près de 5.565 points.


La finale, la scène de tous les possibles


Morale de l'histoire? Tout peut arriver aux qualifications, mêmes les équipes aux notes les plus élevées possédant les plus hautes difficultés peuvent malheureusement perdre leur avance.


D'un point de vue de la gestion de la pression, il est pertinent de se demander s'il est judicieux de réaliser des performances moyennes lors des qualifications afin de se rattraper en finale et ainsi éviter de subir une mauvaise gestion de la pression et les déceptions potentielles. C'est ce qui a été bénéfique pour l'équipe française lors de la finale par équipes à Anvers, où elles ont réussi à se classer 7e après des qualifications mitigées.


La victoire n'en est que plus belle, peu d'attentes pour une surprise complète. Il est parfois bon de ne pas avoir d'attentes particulières pour laisser place aux su spectacle.

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